Eau du robinet naples : doit-on s’en méfier ?

Eau du robinet naples : doit-on s’en méfier ?

Une eau potable… mais pas irréprochable

Située au sud de l’Italie, Naples est une ville qui intrigue tant par sa richesse historique que par sa complexité urbaine. Mais au-delà de ses trésors architecturaux et de sa célèbre pizza, une question revient souvent chez les voyageurs comme chez les habitants : peut-on boire l’eau du robinet à Naples en toute confiance ? La réponse rapide serait « oui, en théorie », mais comme souvent avec l’eau du robinet, la réalité est un peu plus nuancée.

L’Italie est en effet un pays où l’eau potable distribuée par les réseaux publics est, globalement, conforme aux normes européennes. Naples ne fait pas exception : l’eau fournie est contrôlée régulièrement par l’ASL (l’équivalent local de l’Agence Régionale de Santé) et elle répond dans l’écrasante majorité des cas aux obligations légales. Pourtant, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une eau parfois douteuse au goût prononcé, voire présentant des risques au niveau local. Creusons un peu.

Une eau issue de sources montagneuses… mais stockée en ville

L’eau du robinet napolitaine provient principalement des sources du fleuve Serino et du Mont Faito, situées dans les Apennins méridionaux. Ces sources naturelles offrent à la métropole un approvisionnement en eau plutôt qualitatif à la base : faiblement minéralisée, peu traitée chimiquement, et sans grandes traces de pollution industrielle. Sur le papier, c’est un atout.

Le revers de la médaille ? Le réseau de distribution. À Naples, comme dans de nombreuses villes dotées d’un patrimoine ancien, le système de canalisations est vétuste, parfois mal entretenu et sujet à des infiltrations. Certaines portions du réseau datent de plusieurs dizaines d’années, voire d’avant la Seconde Guerre mondiale. Cela a un double impact :

  • Une possible recontamination de l’eau propre avant son arrivée au robinet.
  • Un goût souvent altéré par le contact prolongé avec des conduites en plomb ou en acier oxydé, encore présentes dans certains anciens immeubles.

Autrement dit, l’eau est techniquement potable… jusqu’à ce qu’elle arrive à vos robinets. Un détail qui change tout.

Que disent les Napolitains eux-mêmes ?

Il n’est pas rare de voir des habitants de Naples privilégier l’eau en bouteille, même chez ceux ayant une conscience écologique marquée. Cela s’explique moins par une réelle menace sanitaire que par des désagréments sensoriels : goût métallique, odeur de chlore ou encore couleur douteuse à la sortie du robinet, notamment après des travaux ou des coupures ponctuelles dans le réseau.

Une anecdote fréquente relayée par des expatriés français installés à Naples évoque par exemple une eau couleur « caramel clair » après un simple arrêt du réseau pendant une journée. De quoi éveiller quelques doutes. Bien souvent, il s’agit de résidus inoffensifs relâchés par les vieilles canalisations, mais cela suffit à détourner les usages domestiques de cette ressource gratuite.

Le marché des carafes filtrantes, des filtres sur robinet ou encore des osmoseurs domestiques est d’ailleurs en nette croissance à Naples, comme ailleurs en Italie. Un signe révélateur du manque de confiance généralisé ?

Qu’en est-il du tourisme ?

Pour les voyageurs, la méfiance est encore plus marquée. De nombreux guides touristiques italiens ou étrangers recommandent d’éviter de boire l’eau du robinet à Naples, sans fournir de justification technique claire. Cela contribue à entretenir une forme de psychose, renforcée par les différences de goûts de l’eau selon les quartiers. Dans certaines zones périphériques, l’eau peut avoir subi un traitement plus intensif (chloration plus forte notamment), provoquant un goût désagréable particulièrement perceptible pour des palais non habitués.

Les hôtels et restaurants haut de gamme préfèrent ainsi souvent proposer de l’eau en bouteille, plus rassurante pour leur clientèle. Alors, simple précaution commerciale ou nécessité réelle ? Disons qu’aucun restaurateur ne souhaite prendre le risque d’un client mécontent à cause du goût de son verre d’eau.

Eau du robinet à Naples : état des lieux techniques et statistiques

Pour mieux comprendre, un coup d’œil aux données officielles s’impose. Selon les rapports de l’AQP (Acquedotto Pugliese, opérateur régional de la distribution), les prélèvements effectués en 2023 dans la zone métropolitaine de Naples montrent un taux de conformité très élevé, supérieur à 98 %, en ce qui concerne les paramètres microbiologiques et physico-chimiques (présence de nitrates, métaux lourds, bactéries coliformes, etc.).

Cependant, ces mêmes rapports soulignent des variations notables en fonction des quartiers. Les zones les plus sensibles restent les quartiers populaires situés en aval du Vésuve, ainsi que certains bâtiments historiques du centre, où les installations internes (canalisations privées de chaque immeuble) n’ont pas été rénovées depuis des décennies. Or, ces installations sont parfois hors du champ de contrôle des autorités sanitaires, bien que leur impact sur la qualité de l’eau à la sortie du robinet soit majeur.

À quoi faut-il faire attention ?

Si vous vivez à Naples ou y séjournez, voici quelques signaux qui doivent vous alerter :

  • Un goût ou une odeur inhabituel(le) : notamment de chlore ou de fer.
  • Un changement de couleur momentané : surtout après des travaux publics ou des périodes de forte chaleur.
  • De la mousse blanche persistante : généralement causée par l’air dans les canalisations, mais cela mérite un petit test (laisser reposer l’eau dans un verre, la mousse doit disparaître après 30 secondes).
  • Des informations de la commune concernant la potabilité : elles sont diffusées en cas de risque, et peuvent être consultées en ligne ou aux guichets des hôtels de ville.

Si vous remarquez l’un ou plusieurs de ces symptômes, mieux vaut éviter de consommer l’eau non filtrée, et privilégier des alternatives temporaires, comme l’eau en bouteille ou l’installation d’un filtre charbon actif sur le robinet.

Et les solutions domestiques alors ?

Dans un grand nombre de foyers napolitains, les habitants ont pris les devants. Voici les principales solutions mises en place :

  • Carafe filtrante : pratique et abordable, elle élimine une partie des substances responsables du goût ou de l’odeur désagréables, comme le chlore ou certains métaux.
  • Filtres sur robinet : ils offrent une filtration immédiate à l’usage, et sont particulièrement efficaces si bien entretenus. Leur efficacité varie selon les modèles, mais reste un bon compromis prix/qualité.
  • Systèmes d’osmose inverse : plus coûteux, mais radicalement efficaces pour purifier l’eau. Ils éliminent 95 à 99 % des contaminants potentiels, y compris les résidus de médicaments et les nitrates (présents dans certaines régions agricoles limitrophes). À réserver néanmoins pour un usage quotidien où la qualité absolue de l’eau est recherchée, notamment pour les nourrissons ou les personnes immunodéprimées.

Comme toujours, le choix d’un équipement dépend des usages (boisson seule ou aussi cuisine), de la surface disponible et du budget.

En résumé, faut-il se méfier de l’eau à Naples ?

La réponse est « pas forcément, mais mieux vaut rester attentif ». À Naples, l’eau est en grande partie potable, et les autorités locales réalisent des contrôles réguliers. Cependant, entre le vieillissement du réseau, les différences d’un quartier à l’autre, et les témoignages locaux de goûts douteux, il est pertinent d’envisager une solution de filtration domestique pour plus de sérénité.

Si vous êtes de passage, boire un verre d’eau du robinet napolitaine en terrasse n’est pas un danger en soi… mais si vous êtes exigeant sur le goût ou la transparence, vous préférerez peut-être une eau filtrée ou embouteillée.

Et si vous vivez sur place, s’équiper d’un système de filtration adapté à votre logement peut vite rembourser son coût, tant en confort qu’en économies sur les packs d’eau minérale. En somme, la méfiance n’est pas obligatoire, mais la vigilance reste de mise.