Eau du robinet new york : peut-on lui faire confiance ?

Eau du robinet new york : peut-on lui faire confiance ?

Une eau du robinet à New York réputée… mais pourquoi ?

Quand on pense à New York, on imagine les taxis jaunes, les gratte-ciels à perte de vue, Central Park – et rarement, avouons-le, l’eau du robinet. Pourtant, l’eau new-yorkaise jouit d’une réputation internationale surprenante : elle serait parmi les meilleures du monde. Mythe ou réalité ? Peut-on réellement boire l’eau du robinet à New York en toute confiance ? Pour le savoir, plongeons dans les coulisses du réseau et des contrôles mis en œuvre dans la mégapole américaine.

Un système d’approvisionnement hors norme

Ce qui rend l’eau de New York unique, c’est son origine. Contrairement à d’autres grandes villes qui s’approvisionnent localement ou via des rivières polluées à proximité, New York puise environ 90 % de son eau dans les montagnes Catskills et les monts Adirondacks, situés à plus de 150 kilomètres au nord de la ville. Ces zones montagneuses sont protégées et très peu urbanisées, ce qui minimise les risques de pollution industrielle ou agricole.

Le réseau, colossal, repose sur un ingénieux système de réservoirs et d’aqueducs gravitaires. En clair, l’eau descend jusqu’à la ville naturellement, sans nécessiter de pompes électriques à grande échelle. Cette gravité naturelle permet non seulement de limiter les coûts énergétiques, mais aussi de réduire la stagnation de l’eau dans les conduites, un facteur souvent négligé, mais crucial pour conserver une eau fraîche.

Qualité de l’eau : ce que disent les données officielles

Le Département de la Protection de l’Environnement (DEP) de New York effectue chaque jour plus de 600 tests microbiologiques sur l’eau potable. Les résultats sont rendus publics chaque année dans un rapport de qualité de l’eau accessible à tous (le New York City Drinking Water Supply and Quality Report).

Selon ce rapport, l’eau du robinet respecte les standards imposés par l’EPA (Agence américaine de Protection de l’Environnement) et même, souvent, les dépasse. En 2023, par exemple, on enregistre :

  • 0 détection d’E. coli sur les 33 000 échantillons testés
  • Un taux de plomb largement en dessous des seuils légaux (moins de 5 ppb en moyenne)
  • Un pH qui oscille entre 7,2 et 8,2, ce qui évite la corrosion des canalisations
  • Des niveaux de chlore contrôlés et conformes (généralement autour de 0,5 à 1,5 mg/L)

En clair, sur le papier, les signaux sont au vert. Mais cela signifie-t-il que l’eau reste irréprochable jusqu’à votre verre ?

Le revers du décor : le réseau de distribution

Si l’eau qui arrive dans les réservoirs de la ville est d’excellente qualité, le trajet jusqu’à votre robinet peut lui faire perdre quelques points. Pourquoi ? À cause des canalisations, souvent anciennes dans certains quartiers de la ville.

À New York, on trouve encore des milliers de kilomètres de tuyaux en plomb, vestiges d’une époque où ce matériau était couramment utilisé. Or, si l’eau est légèrement acide ou reste stagnante, elle peut lentement ronger ces conduites et emporter avec elle des particules de plomb jusque dans les appartements. C’est d’ailleurs pourquoi les autorités ajoutent du phosphate à l’eau : cela crée un film protecteur à l’intérieur des canalisations. Mais ce mécanisme n’est pas infaillible.

En 2016, une enquête a révélé que près de 20 000 bâtiments à New York avaient encore des branchements en plomb entre la rue et leur propre réseau intérieur. Cela crée un facteur de risque non négligeable, notamment pour les femmes enceintes et les jeunes enfants, très sensibles au plomb.

Les immeubles anciens : zone grise sanitaire

Ajoutons un autre point moins connu : à New York, de nombreux immeubles – notamment à Brooklyn, dans le Bronx ou Harlem – disposent encore de réservoirs d’eau individuels installés sur leurs toits. Ces citernes servent à maintenir la pression dans les étages supérieurs, mais leur entretien laisse parfois à désirer.

Un audit réalisé en 2021 par la ville montre que plus d’un tiers de ces réservoirs n’étaient pas nettoyés dans les délais recommandés par le DEP. Des résidus, des champignons, voire des animaux morts ont déjà été retrouvés dans certains d’entre eux… Autant dire que l’eau peut en sortir avec un petit goût d’aventure.

Comparatif terrain : bouteille, fontaine ou robinet ?

Les New-Yorkais eux-mêmes sont partagés. Selon une enquête du New York Times en 2022, environ 53 % des habitants boivent principalement de l’eau filtrée, en carafe ou issue de fontaines filtrantes. Un quartier comme Manhattan voit davantage de confiance envers l’eau du robinet que d’autres zones comme le Queens ou le Bronx, où la population vit souvent dans des bâtiments plus anciens.

Voici un petit comparatif pratique pour ceux qui voyagent ou s’installent temporairement à New York :

  • Robinet (non filtré) : convient dans les hôtels modernes, les nouvelles résidences, ou les restaurants aux normes. Risqué dans les immeubles anciens si on ignore l’état des canalisations.
  • Carafe filtrante ou purificateur domestique : une bonne option pour séjourner plusieurs semaines. Permet de réduire chlore, métaux lourds et certains contaminants potentiels.
  • Eau en bouteille : plus rassurante pour certains, mais écologique et économique, beaucoup moins. À réserver aux personnes sensibles ou en situation d’incertitude sur la qualité d’un logement.

Qu’en pensent les experts ?

Le Dr. Marc Edwards, ingénieur en environnement reconnu pour son rôle dans la dénonciation de la crise de Flint (Michigan), considère que New York possède “un des meilleurs systèmes d’eau potable municipale aux États-Unis”. Mais il nuance que “la qualité d’eau dans une ville ne peut jamais être meilleure que les canalisations qui alimentent le dernier mètre avant le robinet”.

Cette opinion est partagée par plusieurs chercheurs, qui recommandent une vigilance accrue pour les résidents de logements anciens. L’utilisation d’un filtre certifié NSF/ANSI 53 pour le plomb ou l’achat d’un purificateur sous évier peuvent être des solutions adaptées pour les foyers new-yorkais soucieux de leur santé.

Et pour les touristes ?

Faut-il éviter l’eau du robinet à New York quand on visite la ville ? Non, sauf recommandation contraire du lieu de séjour. La majorité des hôtels et restaurants servent une eau potable parfaitement conforme. En revanche, emporter une bouteille réutilisable avec filtre (type Brita, Waterdrop ou LifeStraw) est une bonne idée pour éviter les déchets plastique tout en restant serein.

Lors de fortes pluies ou d’inondations – fréquentes en été – l’eau peut momentanément voir sa limpidité réduite. Le DEP informe alors les habitants, notamment par SMS ou via les panneaux électroniques dans les rues. Rien d’alarmant, mais mieux vaut rester informé.

Alors, confiance ou méfiance ?

L’eau du robinet à New York est, globalement, d’excellente qualité… à condition de connaître l’état des tuyaux qui la transportent. La ville fait preuve d’un niveau de contrôle et de transparence exemplaire, mais le réseau parfois vétuste joue encore les trouble-fêtes dans certains quartiers.

À retenir :

  • L’eau à la source bénéficie d’une protection environnementale rare pour une mégapole.
  • Les tests quotidiens confirment la conformité aux normes sanitaires américaines.
  • Les canalisations domestiques peuvent, cependant, poser problème dans les bâtiments anciens.
  • Le recours à un filtre portable ou domestique reste une bonne pratique pour qui veut éviter les surprises.

Boire l’eau du robinet à New York ? Oui, sans problème – mais avec un peu de discernement, comme toujours lorsqu’on s’intéresse de près à ce qu’on met dans son verre. Et souvenez-vous : à New York, même l’eau a du caractère.