La qualité de l’eau du robinet en Thaïlande : quel est le vrai visage ?
Si vous préparez un voyage en Thaïlande ou que vous envisagez d’y vivre pour quelques mois voire plusieurs années, une question revient vite : peut-on boire l’eau du robinet localement ? Comme souvent avec le sujet de l’eau potable, la réponse courte est : « ça dépend ». Mais ne vous inquiétez pas, nous allons creuser le sujet en profondeur pour répondre à vos doutes de manière claire et pratique.
La Thaïlande est un pays splendide à bien des égards. Mais côté infrastructure d’approvisionnement en eau, les réalités diffèrent grandement de ce que l’on connaît en France. Bien que l’eau soit théoriquement potable dans certaines zones urbaines, les conditions de transport, de stockage et d’hygiène restent souvent problématiques.
Une eau officiellement potable… en théorie
Certaines grandes villes comme Bangkok ont vu leur réseau d’eau s’améliorer. La Metropolitan Waterworks Authority (MWA), responsable de l’approvisionnement de la capitale, affirme que l’eau traitée à la sortie des stations de traitement est conforme aux standards de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En d’autres termes : oui, l’eau traitée à la source est potable.
Mais dans la pratique, ce n’est pas aussi simple. La qualité de l’eau se dégrade souvent entre la station de traitement et votre robinet. Pourquoi ? À cause :
- Des canalisations vétustes (parfois vieilles de plusieurs décennies)
- De la prolifération bactérienne dans les réservoirs intermédiaires
- De la contamination possible par des métaux lourds ou d’autres polluants urbains
Résultat : même dans les appartements modernes de Bangkok, rares sont les Thaïlandais qui boivent l’eau du robinet sans la filtrer. Et en dehors des grandes villes ? La qualité devient encore plus aléatoire, voire dangereuse pour la santé.
Des risques sanitaires bien réels
Plusieurs études universitaires et analyses indépendantes ont mis en lumière la présence de contaminants dans l’eau du robinet en Thaïlande, notamment :
- Des bactéries pathogènes telles que l’E. coli ou le coliforme fécal
- Des résidus de chlore pouvant provoquer des irritations (peau, gorge)
- Des métaux lourds comme le plomb, présents dans certaines canalisations
- Des nitrates et pesticides en zones agricoles
L’ingestion régulière de ces contaminants peut provoquer des troubles digestifs, des infections ou affecter le système immunitaire, notamment chez les enfants ou les personnes âgées. Même si vous avez « l’estomac solide », n’oubliez pas qu’une simple imprudence peut vite gâcher vos vacances ou votre séjour.
Alors, filtrer ou éviter complètement ?
La stratégie dépendra de votre situation. Touristes de passage, expatriés longue durée ou retraités installés à Chiang Mai n’ont pas les mêmes besoins. Voici trois approches concrètes en fonction des profils :
Pour les voyageurs de courte durée
Si vous restez moins de 30 jours dans le pays, la solution classique reste d’acheter de l’eau en bouteille. Elles sont bon marché (environ 10 bahts la bouteille de 1,5 L) et disponibles à foison dans toutes les supérettes du pays (7-Eleven, Family Mart, etc.).
Cependant, si vous tenez à limiter votre impact plastique, optez pour :
- Une gourde munie d’un filtre intégré type LifeStraw ou Grayl
- Des pastilles de purification pour l’eau d’appoint (recharges occasionnelles en trek ou en bungalow)
Et surtout : ne buvez pas l’eau des fontaines ou des robinets même dans les hôtels, sauf mention explicite de potabilité (et encore, soyez prudents).
Pour les expatriés
L’approche tout-bouteille devient vite coûteuse et peu écologique dès que l’on s’installe sur la durée. Les expatriés vivant à Bangkok, Phuket ou Chiang Mai ont souvent recours à des alternatives plus viables :
- Installation d’un purificateur d’eau directement sur le robinet : un modèle à cartouche multicouche (charbon actif + membrane UF) suffit généralement pour éliminer bactéries et polluants chimiques standards.
- Utilisation de bonbonnes de 20 litres livrées à domicile par des services spécialisés. Ces eaux sont censées être filtrées, mais prudence sur l’origine. Préférez les marques reconnues comme Nestlé, Crystal ou Minéré.
Veillez également au nettoyage régulier des filtres et des réservoirs : une eau filtrée ne reste saine que si son contenant est propre ! Certains logements haut de gamme proposent directement des systèmes de filtration centralisés.
Dans les provinces rurales
Dans les campagnes, les sources d’eau sont encore plus variables : puits, canaux, captages de pluie… L’eau est rarement traitée. Le risque de contamination est très élevé, particulièrement pendant la saison des pluies.
Dans ce cas, un purificateur portable est indispensable. Les modèles à osmose inverse ou à filtration en plusieurs étapes sont plus chers mais assurent une eau véritablement potable, même dans des conditions critiques. Quelques marques internationales fiables sur le sujet :
- Berkey (systèmes à gravité pour maison)
- Sawyer (ultrafiltration portable)
- Katadyn (filtres performants pour voyageurs exigeants)
Le cas particulier de l’eau offerte dans les restaurants
On pourrait croire qu’un verre d’eau trempé de glaçons est inoffensif. Faux pas fréquent chez les voyageurs : dans beaucoup de petits restos, l’eau « gratuite » provient de bonbonnes industrielles peu contrôlées. Quant aux glaçons, ils peuvent être faits à partir d’eau non potable. Le conseil est simple : demandez des boissons en bouteille scellée, et évitez les glaçons hors établissements fiables.
D’autres usages : douche, cuisine, lavage des fruits
Vous n’êtes pas obligé de filtrer l’eau pour tout. Pour se doucher ou se laver les mains, l’eau du robinet est généralement sans danger, même si elle est parfois très chlorée.
En revanche, pour vous brosser les dents, rincer des fruits crus ou laver une blessure, n’utilisez que de l’eau filtrée ou embouteillée. Un simple contact peut suffire à transmettre une bactérie inattendue.
Un conseil pratique souvent négligé : à votre arrivée, vérifiez la couleur et l’odeur de l’eau. Si l’eau sent fortement le chlore ou présente une couleur trouble, soyez encore plus prudent.
Et les Thaïlandais, eux, boivent quoi ?
Si les locaux évitent l’eau du robinet, ce n’est pas un hasard. La plupart achètent des bonbonnes familiales, installent un système de traitement domestique ou récupèrent l’eau de pluie qu’ils font bouillir. Dans tous les cas, l’eau est rarement consommée « telle quelle ».
Certaines familles envoient même leur eau à analyser en laboratoire privé lorsqu’elles soupçonnent une contamination inhabituelle. Une pratique qui reste rare mais révélatrice.
En résumé : les bons réflexes à adopter
Pour éclaircir l’essentiel, voici quelques règles simples pour aborder l’eau du robinet en Thaïlande :
- Ne buvez jamais directement au robinet, même à Bangkok.
- Utilisez un purificateur fiable ou achetez de l’eau en bouteille pour boire, cuisiner ou vous brosser les dents.
- Évitez les glaçons et l’eau offerte, sauf si vous êtes certain de leur origine.
- Investissez dans un système de filtration si vous vous installez pour plusieurs mois.
- Restez fidèle à un fournisseur sérieux d’eau embouteillée, et vérifiez les sceaux des bouteilles.
La Thaïlande est pleine de surprises… mais mieux vaut qu’elles ne viennent pas de votre verre d’eau. À défaut d’une infrastructure parfaite, la prudence et les bons équipements vous permettront de profiter pleinement du pays sans désagrément digestif. Après tout, ce n’est pas parce que l’eau est claire qu’elle est toujours propre.