Pourquoi filtrer son eau du robinet ?
Que ce soit pour le goût, la santé ou la praticité, la question de la filtration de l’eau du robinet revient de plus en plus fréquemment dans les foyers français. Et pour cause : si l’eau du robinet en France est globalement potable et bien contrôlée, elle n’est pas toujours exempte de désagréments. Goût de chlore, présence potentielle de résidus médicamenteux ou de pesticides, traces de plomb dans les canalisations anciennes… autant de facteurs qui poussent à s’équiper. Reste à savoir quel système choisir entre le purificateur d’eau et la carafe filtrante.
Ces deux solutions ont leurs adeptes, et chacune présente des avantages et des limites. L’objectif ici est de vous aider à y voir clair pour faire un choix éclairé, selon vos besoins réels et votre budget.
Carafe filtrante : une solution simple mais limitée
La carafe filtrante est sans doute l’option la plus connue et la plus répandue. Elle fonctionne avec des cartouches à base de charbon actif (souvent combiné à des résines échangeuses d’ions), qui permettent de retenir certains éléments présents dans l’eau.
Les points forts de la carafe filtrante
- Accessibilité : Facile à trouver en grande surface ou en ligne, à des prix démarrant autour de 15-20 euros.
- Facilité d’utilisation : Aucun branchement nécessaire. Il suffit de remplir la carafe, attendre que l’eau s’écoule à travers le filtre, et c’est prêt.
- Amélioration du goût : Le goût de chlore est généralement réduit, ce qui rend l’eau plus agréable à boire.
Mais aussi quelques limitations notables
- Capacité limitée : Un litre à un litre et demi filtré à la fois – insuffisant pour une grande famille au quotidien.
- Filtration incomplète : Si elle améliore le goût et réduit le calcaire, une carafe filtrante ne peut pas éliminer tous les contaminants (comme les nitrates, les métaux lourds, les résidus de médicaments ou les bactéries).
- Entretien contraignant : Les cartouches doivent être changées toutes les 4 semaines environ. Un remplacement négligé peut au contraire favoriser le développement bactériologique.
- Coût à terme : Sur l’année, le prix des cartouches dépasse généralement le coût initial de la carafe. Une carafe à 25 € peut engendrer jusqu’à 100 € de cartouches par an.
À noter : certaines études ont mis en évidence que l’eau sortie de certaines carafes filtrantes mal entretenues contenait parfois plus de bactéries qu’une eau de robinet non filtrée. Autrement dit, une solution d’entrée de gamme ne doit pas rimer avec négligence.
Purificateur d’eau : l’efficacité à un autre niveau
À la différence de la carafe, un purificateur d’eau est un dispositif plus technique, installé directement sur le robinet ou sous l’évier – voire intégré dans un système complet de traitement de l’eau. Sa mission ? Assainir l’eau en éliminant de manière plus approfondie les substances indésirables.
Les types de purificateurs d’eau
- Filtres sur robinet : Une solution intermédiaire, facile à installer. Performances moyennes, mais pratiques.
- Filtres sous évier : Mieux dissimulés et souvent plus efficaces car munis de plusieurs étages de filtration.
- Purificateurs par osmose inverse : Le nec plus ultra : cette technologie force l’eau à travers une membrane ultra-fine, éliminant jusqu’à 99 % des contaminants (nitrates, métaux lourds, résidus chimiques, bactéries, etc.).
Avantages majeurs des purificateurs
- Efficacité de filtration élevée : Nettoyage en profondeur de l’eau, utile notamment dans les zones agricoles ou les vieilles habitations.
- Débit régulier : Lorsque bien installé, le système fournit de l’eau filtrée en continu, sans attendre que ça coule comme pour une carafe.
- Économies sur le long terme : Bien que l’investissement initial soit plus élevé (entre 100 et 500 € pour un système domestique), les coûts d’entretien sont mieux répartis et l’eau ainsi obtenue devient compétitive voire plus économique que l’eau en bouteille.
Inconvénients à garder à l’esprit
- Installation : Les modèles sous évier ou à osmose nécessitent une installation plus complexe. Même si elle est souvent faisable par un bon bricoleur, certains préfèreront faire appel à un professionnel.
- Entretien : Comme pour tout système de filtration, les cartouches ou membranes doivent être changées régulièrement (tous les 6 à 12 mois selon usage et modèle).
- Rendement : Dans le cas des osmoseurs, une quantité d’eau est rejetée (entre 2 à 4 litres pour 1 litre purifié), ce qui peut choquer les plus économes.
Comparatif : carafe ou purificateur ?
Voici un tableau comparatif des deux options, pour une vue synthétique des principales différences :
| Critère | Carafe filtrante | Purificateur d’eau |
|---|---|---|
| Prix d’achat | 15 à 30 € | 100 à 500 € |
| Coût annuel | 80 à 120 € (cartouches) | 40 à 100 € (filtres, membranes) |
| Facilité d’installation | Très simple | Varie selon modèle |
| Qualité de filtration | Moyenne (chlore, goût, calcaire léger) | Élevée (pesticides, nitrates, métaux lourds, bactéries…) |
| Quantité filtrée | 1 L à la fois | Jusqu’à plusieurs centaines de litres en continu |
Pour quel profil choisir quel système ?
Voici quelques cas de figures pour vous aider à vous situer :
- Vous vivez seul·e ou en couple, buvez peu d’eau et cherchez une alternative à l’eau en bouteille ? Une carafe filtrante peut suffire, à condition de respecter un bon rythme de changement des cartouches.
- Vous avez une famille nombreuse, buvez beaucoup d’eau ou cuisinez à l’eau filtrée ? Un système de purification installé sous l’évier sera bien plus pratique, économique et sûr sur le long terme.
- Vous vivez dans une région agricole ou industrielle, ou dans un logement ancien ? Un purificateur performant (voire un osmoseur) se justifie pleinement pour éliminer pesticides, métaux lourds ou résidus chimiques.
Quand le goût ne suffit pas
Beaucoup de gens associent « eau filtrée » à « meilleur goût ». C’est vrai – mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Ce qui ne se sent pas au nez ou au palais peut pourtant avoir des effets à long terme sur la santé, surtout pour les personnes sensibles (femmes enceintes, bébés, personnes âgées). Un purificateur bien conçu va au-delà du goût : il agit sur la qualité intrinsèque de l’eau.
On pense souvent que parce que l’eau du robinet est potable, elle est également saine. C’est en grande partie vrai, mais en creusant un peu, on découvre que certaines substances sont tolérées à de faibles doses, sans être complètement absentes. C’est là qu’interviennent les filtres performants – en complément de l’action des réseaux publics d’eau, pas à leur place.
Faut-il bannir la carafe ? Pas forcément
Ne jetons pas la carafe avec l’eau du bain : pour certains foyers, elle reste une solution pratique et suffisante. Certaines marques progressent aussi côté matériaux (carafes sans BPA, alertes de remplacement de filtre, meilleure précision d’écoulement). Mais dans un contexte où les préoccupations environnementales et sanitaires deviennent plus précises, se tourner vers un purificateur s’impose comme une évolution naturelle plutôt qu’un caprice technophile.
Et pour ceux qui hésitent entre les deux ? Pourquoi ne pas commencer par une carafe pour tester le changement, puis évoluer vers un purificateur lorsque les attentes en termes de quantité ou de qualité le justifient ? Comme souvent, tout est question de contexte… et d’eau à moudre.